En tant que PM, notre première préoccupation est de satisfaire nos utilisateurs. Nous les interviewons, récupérons leurs retours grâce au service clients, faisons des analyses de données sur leurs usages de notre produit… Tout ça pour comprendre leurs problèmes. Une fois les problèmes bien identifiés vient la phase d’idéation, c’est à dire la phase où il s’agit de trouver une solution en face. Pour cela, nous avons encore une fois plein d’approches différentes : regarder la concurrence, se baser sur notre expérience… Mais toutes ces méthodes ont comme limite qu’elles utilisent notre filtre personnel (nos usages, nos connaissances, etc…) : comment faire pour générer rapidement de nouvelles idées sans être limité par nos propres connaissances ?
C’est exactement ce que nous permet de faire l’atelier “Crazy 8”, inspiré du design sprint Kit de Google.
L’objectif
Le Crazy 8 est une méthode de brainstorming permettant de générer de nombreuses idées en un temps très limité. Il encourage la génération rapide d’idées novatrices, avec un côté très ludique.
Choisissez une ou plusieurs problématiques que vous souhaitez aborder et sur lesquelles vous souhaitez générer de nouvelles idées. Idéalement, faites cela sur une problématique que vous avez déjà pu approfondir au travers d’une session de discovery (avec des user interviews, etc…). Regroupez l’ensemble des conclusions de votre discovery dans un rapport que vous partagerez à tous les participants, en amont de la session de brainstorming.
Un tel rapport permet généralement de clarifier les points suivants :
- L’objet de votre travail de discovery (objectif, méthodologie utilisée, état des lieux…)
- les principales découvertes (même s’il s’agit de découvertes connues précédemment, cela permet d’aligner tout le monde sur la même base)
- Les découvertes émergeantes : tout ce que vous n’aviez pas forcément prévu de trouver, mais des indices vous laissent penser que c’est à creuser à l’avenir
- Des problématiques ou points de blocages
Une des points d’attention que vous devez avoir est de bien définir le ou les problèmes sur lesquels vous allez brainstormer, sans pour autant orienter vers une solution.
De même, essayez de définir les problématiques pour vous attaquer à la racine du blocage ou du point à faire évoluer. On privilégiera par exemple une formulation de type “Les utilisateurs n’utilisent pas cette fonctionnalité car ils n’ont pas confiance en mon produit”, plutôt que uniquement “Les utilisateurs n’utilisent pas cette fonctionnalité”.
Le workshop
Invitez des personnes de différents services de votre entreprise (du Marketing, de la growth, du CRM, du support, de la brand, etc…). Plus vous invitez de gens, plus vous aurez d’idées différentes, mais plus la session sera longue. Un groupe de 6 à 8 participants (en plus de l’animateur) est en général suffisant pour avoir suffisamment d’idées différentes, sans y passer trop de temps.
Présentez rapidement votre livrable (ne vous éternisez pas dessus, les gens sont censés l’avoir déjà lu avant), rappelez les principales conclusions, et la ou les problématiques que vous avez identifié.
Puis, présentez l’atelier à toute l’équipe.
Chaque personne prend une feuille de papier et un feutre fin, puis plie/dessine de façon à avoir 8 sections sur la feuille.
Le but du workshop est simple : Lancez un chronomètre de 8 minutes et chaque personne devra dessiner 8 solutions qui répondent à sa problématique, à raison de 1 solution par minute. Le maître du jeu est donc le garant du chronomètre et indique aux participants lorsqu’ils doivent passer à l’idée suivante.
Quelques règles importantes à bien rappeler aux participants :
- aucune limitation (technique, physique, financière) à prendre en compte : toutes les idées, y compris les plus farfelues ou surprenantes sont les bienvenues
- impératif de dessiner : toute solution qui n’est pas représentée sous forme de dessin ne sera pas acceptée (rassurez les participants en rappelant que la qualité du dessin ne sera pas du tout jugée, cela sert juste à stimuler la créativité des gens)
- 8 idées différentes : visez la quantité, pas la qualité
- Amusez vous : aucune limite, donc laissez libre court à votre imagination et faites vous plaisir : les idées saugrenues ou impossibles peuvent être source d’inspiration pour des vraies idées plus tard.
Une fois le temps écoulé, chaque participant présente toutes ses idées succinctement à tout le monde.
Bien évidemment, certaines idées risquent d’apparaître plusieurs fois entre chaque participant, mais ce n’est pas gênant.
Un des gros avantages d’un tel workshop est la diversité des solutions qui sont proposées. Comme chaque personne provient d’un service différent, leurs idées seront souvent inspirées de leurs propres domaines de compétences. De plus, vous profitez de la créativité de chacun : par exemple, les développeurs auront plutôt tendance à proposer des solutions rationnelles, là où des personnes dans des pôles de communication présenteront souvent des idées moins terre à terre.
Enfin, un des énormes intérêts réside dans l’implication de plusieurs services différents dans le produit :
- vous donnez de la visibilité à votre métier et à l’avancement de votre projet,
- vous partagez vos découvertes sur vos utilisateurs à des services qui peuvent être moins habitués à discuter avec eux
- vous permettez à chacun de se sentir impliqué dans les décisions du produit
C’est très bien tout ça, mais j’en fais quoi après ?
Comme vous vous en doutez, il ne s’agit bien évidemment pas d’implémenter toutes les solutions imaginées, un travail de classification doit être fait pour ne choisir que la ou les meilleures (certaines idées peuvent être associées entre elles pour maximiser l’impact). En tous les cas, ce travail de sélection ne doit pas être fait pendant l’atelier : toutes les idées générées servent à nourrir votre imagination, mais il revient ensuite à l’ensemble de l’équipe Produit et Tech de choisir ensemble lesquelles seront priorisées, en fonction de leur faisabilité technique, leur complexité, leur coût, etc…
Enfin, l’autre force de cet atelier est d’alimenter votre imagination, y compris pour de prochaines fonctionnalités qui n’auront peut être rien à voir avec la problématique initiale. Pour ma part, j’ai par exemple repris une des idées proposée lors d’un crazy 8, mais pour un problème complètement différent de ce à quoi elle était destinée.
Ce qu’il faut retenir
- Rédiger un rapport à partager aux participants en amont de la session avec
- l’objet de votre discovery
- vos principales découvertes
- les principaux blocages identifiés
- L’atelier Crazy 8 est une session de brainstorming
- qui regroupe environ 6 à 8 personnes de services différents
- où chaque participant dessine 8 idées en 8 minutes pour chaque problématique
- où aucune limite n’existe pour les solutions proposées (technique, coût…)
Merci pour tous ces articles très intéressants, très bien rédigés, très agréables à lire, et surtout très utiles !